L’on constate, avec amertume, que certains Guinéens ne ratent aucune occasion pour faire étalage de leur opportunisme et de leur démagogie déconcertante. Les derniers développements de l’actualité guinéenne nous permettent de nous en rendre compte, avec un réel pincement au cœur.
Le 5 septembre dernier, le Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), à sa tête le colonel Mamady Doumbouya, a renversé le régime du professeur Alpha Condé. Un événement qui, de l’avis de nombreux observateurs, était prévisible au regard de la situation sociopolitique qui prévaut dans le pays depuis la modification très controversée de la constitution de 2010 et l’organisation des législatives et de la présidentielle dans un climat de tensions et de violences sans précédent. Et comme il fallait s’y attendre, dans les fiefs de l’opposition notamment, la chute d’Alpha Condé a été applaudie des deux mains et des manifestations de joie s’y sont organisées. Le 6 septembre, au lendemain de sa prise du pouvoir, le colonel Mamady Doumbouya, le nouvel homme fort du pays, a rencontré au chapiteau du Palais du peuple, les présidents des institutions républicaines et les anciens ministres du désormais ex-président Alpha Condé. L’on a aperçu à cette occasion des banderoles et des affiches confectionnées en moins de 24 heures par des soi-disant mouvements de soutien aux nouvelles autorités. Des mouvements qui, à vrai dire, ne sont animés que par des opportunistes soucieux uniquement de défendre leurs intérêts égoïstes.
Pour beaucoup, il est primordial et salutaire que le colonel Doumbouya et ses camarades du CNRD gardent à bonne distance ces bandes d’opportunistes sans vergogne qui peuplent aujourd’hui les partis politiques, les plateformes de la société civile et les organisations de jeunes et de femmes. Le samedi 11 septembre, il a été heureusement demandé de surseoir à toute manifestation de soutien pour se concentrer sur l’essentiel. Il faut rappeler qu’en 2009, ce sont les mêmes opportunistes qui ont pris sur eux la lourde responsabilité d’induire en erreur Moussa Dadis Camara. Des mouvements du genre ‘’Dadis doit rester’’ ont été créés aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur pour nous conduire tout droit aux massacres du 28 septembre 2009. En 2020, loin de tirer les leçons de la parenthèse CNDD, ils ont réussi à mettre le professeur Alpha Condé sur une pente glissante, celle menant à la modification constitutionnelle pour s’offrir in fine un troisième mandat. La suite, on la connaît. La semaine dernière, il n’aura fallu que quelques heures à ces combinards, ces opportunistes, ces pêcheurs en eaux troubles, ces démagogues sans conviction pour retourner leurs vestes et se faire passer, subitement, pour des soutiens inconditionnels et désintéressés des nouveaux maîtres du pays. La démagogie, quand tu nous tiens !
Aminata Camara