Mohamed Condé et Mohamed Yayi Kaba, tous des militaires, et Bangaly Doumbouya, garde communal, ont comparu mercredi dernier, 2 mars 2022, devant le Tribunal de première instance de Dixinn. En détention depuis le 23 février dernier à la Maison centrale de Conakry, ils sont poursuivis pour des faits de coups et blessures volontaires, injures publiques, port illégal de tenue militaire, utilisation illicite d’armes et complicité.
Des infractions commises au cours d’une bagarre que les prévenus auraient provoqué le 23 février 2022, devant une boîte de nuit, à Lambanyi, en banlieue de Conakry, a appris un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.
A tour de rôle, les prévenus sont passés devant le juge Francis Kova Zoumanigui pour s’expliquer sur ce qui leur est reproché. Le militaire Mohamed Condé, présenté comme étant le principal responsable de cette affaire, a reconnu avoir tiré trois coups de feu pendant la bagarre. Mais, il assure que c’était juste pour dissuader la foule qui voulait s’en prendre à lui afin de pouvoir se sauver.
« Ce jour-là, mon frère m’a dit de l’accompagner dans la boîte QG de Lambanyi. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, les vigiles ont refusé que j’entre dans la boîte. Il y a eu un échange d’injures entre le vigile, Sékou Diawara, et moi. Me sentant menacé, j’ai quitté les lieux. Après, je suis allé porter ma tenue, j’ai pris mon arme, et mes deux amis (Bangaly Doumbouya et Mohamed Yayi Kaba) m’ont accompagné.
Lorsque nous sommes arrivés, ils m’ont interdit encore l’accès à l’intérieur de la boîte. Pendant qu’on se disputait, les gens qui étaient dans la boîte sont sortis en grand nombre pour nous menacer. Un civil est venu vers moi pour tenter de retirer mon arme. Pour me sauver, j’ai tiré trois coups de sommation. C’est ainsi qu’ils ont appelé les agents de la BAC, qui sont venus nous interpeller. Mais, j’ai tiré juste pour me sauver », a-t-il expliqué.
Les deux autres prévenus ont reconnu avoir accompagné leur ami dans la boîte de nuit, mais ils disent n’avoir violenté personne sur les lieux. « Lorsque Mohamed Condé m’a appelé, il m’a dit qu’il est dans une situation délicate. Il m’a dit de venir. C’est en ce moment que je suis allé porter ma tenue et je suis parti le trouver. Mais, je ne détenais pas une arme. Et sur les lieux, je n’ai pas donné de coups à quelqu’un et personne ne m’a donné de coups. Je cherchais à les séparer tout bonnement », a laissé entendre Mohamed Yayi Kaba, stagiaire à la marine nationale.
Mais, le procureur, lui, est convaincu que les prévenus sont effectivement coupables des faits pour lesquels ils sont poursuivis. C’est pourquoi, Mamadou Hady Diallo a demandé au tribunal de condamner Mohamed Condé « à un an d’emprisonnement assorti de sursis et cinq millions de francs d’amende pour les faits de coups et blessures volontaires, injures publiques, port illégal de tenue militaire, utilisation illicite d’armes. Quant à Pour Bangaly Doumbouya et Mohamed Yayi Kaba, le représentant du ministère public a requis six mois d’emprisonnement assorti de sursis contre eux pour port illégal d’uniforme militaire et complicité.
Des réquisitions appuyées par l’avocat de la défense : « le procureur a marché sur ma langue sans la blesser. Nous demandons au tribunal de suivre les réquisitions du procureur », a plaidé maître Israël Condé, qui défend les prévenus.
Après avoir écouté toutes les parties, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 9 mars prochain.