L’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron fait entrer la campagne dans une nouvelle phase que ses adversaires attendaient avec impatience. Mais la question est de savoir de quelle manière le président sortant va participer à la bataille électorale.
Une campagne éclair, une campagne « contrainte », les équipes autour d’Emmanuel Macron ont déjà intégré qu’il allait falloir « s’adapter ». Les hommes du président sont prêts : le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, le conseiller en communication Clément Léonarduzzi, Julien Denormandie est prépositionné pour devenir directeur de campagne et devrait quitter le gouvernement, comme Sébastien Lecornu ou Gabriel Attal, appelés à rejoindre le QG de campagne. Un petit remaniement pourrait donc avoir lieu à la suite de ces changements, certainement avec une réattribution des portefeuilles à d’autres ministres déjà au gouvernement.
Sobriété
La guerre en Ukraine a bouleversé tous les plans envisagés pour la campagne en faisant de la sobriété un impératif. D’abord sur la forme de l’annonce. Le choix d’une lettre publiée dans la presse quotidienne régionale visait à jouer la proximité et à ne pas interférer avec l’allocution solennelle prononcée la veille par un Emmanuel Macron, chef de l’État et seulement chef de l’État, pour informer les Français sur la situation en Ukraine. Sobriété aussi pour la déclinaison médiatique de l’entrée en campagne, à ce stade pas d’interview prévue juste un message sur les réseaux sociaux qui devrait suivre la lettre aux Français, explique l’entourage du candidat.
Pour les déplacements de terrain, tout est mouvant, rien n’est gravé dans le marbre. Le premier meeting qui aurait dû avoir lieu à Marseille ce week-end a été repoussé au moins d’une semaine. Un déplacement est envisagé lundi dans la région parisienne. Mais c’est bien le président qui a la priorité sur le candidat. Il fera campagne « quand son agenda le lui permettra », confie un proche qui ajoute : « Mais une campagne ça peut vivre de plein de manière », par exemple avec « des ambassadeurs ». Pas sûr que cela ravisse ses adversaires qui attendaient depuis des mois son entrée en campagne pour se confronter à lui et lui demander des comptes sur son bilan.
Une campagne à temps partiel
Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron évoque sa campagne en s’excusant : « Je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte ». Et en faisant une promesse a minima : « Mais avec clarté et engagement, j’expliquerai notre projet ». Un projet qui intégrera les enseignements des différentes crises traversées durant le quinquennat et notamment la dernière, la guerre en Ukraine car, selon une ministre, « cette crise valide ce qu’il dit depuis longtemps sur la souveraineté ».
Emmanuel Macron va mener une campagne à temps partiel mais dans laquelle il part avec un avantage : tous les sondages le donnent largement en tête dans les intentions de vote pour le premier tour et vainqueur au second tour. Son défi sera de faire en sorte que la tendance ne s’inverse pas en gardant ses deux casquettes de président et de candidat. Comme l’explique un membre de son équipe, il va devoir concilier deux objectifs : « Le président doit protéger, le candidat doit proposer. »
RFI