Le moins qu’on puisse dire et écrire c’est que la durée de la transition est devenue véritablement la pomme de discorde entre le CNRD et les acteurs sociopolitiques du pays. La proposition de 39 mois par le CNRD aura été l’élément révélateur.
Le 30 avril dernier, on le sait, dans une adresse à la nation depuis Boffa, le colonel Mamadi Doumbouya a proposé 39 mois comme durée de la transition. « C’est la volonté de la majorité qui tranche les contradictions, de même que celle du peuple souverain a vocation à rallier tous et à s’imposer à chacun. Il en est de même de la durée et du chronogramme de la Transition, que des autres questions vitales de la nation. De toutes les consultations engagées à tous les niveaux depuis le début de la Transition, avec toutes les composantes de la nation, auprès de tous les Guinéens partout où ils se trouvent, il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la Transition de 39 mois. Le CNRD et le Gouvernement à leur tour soumettront au CNT, qui tient lieu de parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes concertations. », a-t-il déclaré. Mais c’était compter sans les acteurs sociopolitiques les plus représentatifs du pays qui se sont aussitôt prononcés les uns après les autres pour rejeter en bloc cette proposition du CNRD faite par la voix de son président. C’est le cas notamment de l’ANAD, la coalition politique à laquelle l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, qui n’entend pas du tout parler d’un délai de 39 mois pour revenir à l’ordre constitutionnel. « C’est avec une grande surprise que l’ANAD a suivi, ce samedi 30 avril 2022,
l’adresse du Président de la transition imposant à la nation une durée injustifiable de la transition.
L’ANAD rejette avec force cette décision unilatérale qui viole la Charte dans son article 77… », a martelé l’ANAD dans sa déclaration. Le FNDC, le FNDC politique (UFR, MoDel), le RPG Arc-en-ciel et alliés ont également rejeté cette proposition du CNRD par rapport à la durée de la transition. Au regard de tout cela, l’on est vraiment en droit de se demander, avec une pointe d’inquiétude, si l’on ne s’achemine pas vers un durcissement des positions. Il est à espérer qu’il y aura plus de peur que de mal et que tous les acteurs de cette transition ouverte le 5 septembre réussiront à accorder leurs violons pour éviter de plonger à nouveau notre pays dans une crise sociopolitique aux conséquences imprévisibles. L’échec de cette transition sera celui de tous les Guinéens, sans distinction d’ethnie, de région, de religion, ou d’appartenance politique. A méditer.
Aminata Camara