Il y a onze mois que le colonel Mamadi Doumbouya, alors patron des Forces Spéciales de Guinée s’est emparé du pouvoir, après avoir renversé le régime du professeur Alpha Condé. Un changement de régime qui a été salué par l’écrasante majorité des Guinéens, au regard de la gestion des affaires publiques des onze dernières années.
Dans leurs premières déclarations, les autorités de la transition ont rassuré aussi bien leurs compatriotes que la communauté internationale quant à leur volonté à organiser des élections libres et transparentes pour remettre le pouvoir aux civils. Mais au fil des semaines et des mois, l’on a constaté une sorte de divorce entre le CNRD et les acteurs sociopolitiques du pays. Les points de divergence entre les deux camps sont entre autres : la mise en place d’un cadre de dialogue permanent, la composition du CNRD, la durée de la transition, le respect des droits de l’homme. Et ce qui devait arriver en pareille circonstance est arrivé sans crier gare. Les manifestations de rue organisées les 28 et 29 juillet, à l’appel du FNDC dans le Grand Conakry ont plongé la Guinée dans une situation de crise sociopolitique particulièrement préoccupante. L’on a eu à déplorer 5 morts, de nombreux blessés, des destructions de biens publics et privés. Tous ces événements regrettables ont été enregistrés principalement dans les quartiers situés sur l’Axe. Dans le cadre des enquêtes, deux responsables du FNDC (Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo) et le secrétaire exécutif de l’UFR (Saïkou Yaya Barry) ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt, après leur inculpation par la justice. Les appels à leur libération se sont aussitôt multipliés de la part des organisations internationales et de défense des droits de l’homme.
Beaucoup d’observateurs se demandent ce que la CEDEAO peut faire concrètement pour trouver une issue à cette crise sociopolitique en Guinée. Lors de son 61ème sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, qui s’est tenu le 3 juillet dernier à Accra, au Ghana, cette Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest avait accordé à la Guinée un nouveau sursis d’un mois pour proposer un chronogramme acceptable. En lieu et place du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, c’est l’ancien président du Bénin, Thomas Boni Yayi, qui a été désigné comme médiateur en Guinée. La suite, on la connaît. Ce dernier s’est rendu à Conakry pour une première rencontre avec les autorités de la transition et les diplomates. Et c’est en sa présence que le FNDC a lancé son appel à manifester dans le Grand Conakry le 28 juillet, avec le triste bilan que l’on sait désormais.
Aminata Camara