Edito
Un an sans Alpha Condé au palais présidentiel
5 septembre 2021/5 septembre 2022, il y a un an, jour pour jour, que le colonel Mamadi Doumbouya, alors commandant du groupement des Forces spéciales, a renversé le régime du professeur Alpha Condé. Les 12 mois de gestion de l’ancien légionnaire sont diversement appréciés par ses compatriotes de l’intérieur et de la diaspora.
Pour les chauds partisans du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et de son président, le bilan d’un an est globalement positif. Ils mettent en avant un certain nombre d’actes posés depuis le 5 septembre : la libération des détenus politiques ; la réouverture des frontières ; la promotion des jeunes et des femmes dans les organes de la transition en tenant compte de l’équilibre ethnique et régional ; la création de la Cour de répression des infractions économiques et financières pour traquer toutes celles et tous ceux qui se sont rendus coupables ou qui se rendront coupables de graves manquements dans l’exercice de leurs hautes fonctions au sein de l’administration publique ; la mise à la retraite de plus de 6000 fonctionnaires pour donner la chance aux jeunes sortis des institutions d’enseignement supérieur du pays d’être recrutés à la Fonction publique ou au niveau des forces de défense et de sécurité ; l’organisation des assises nationales pour amener les Guinéens à se réconcilier avec eux-mêmes et avec leur histoire, aussi tumultueuse soit-elle ; la récupération des biens et domaines de l’Etat ; la programmation du procès du massacre du 28 septembre 2009 pour rétablir les victimes dans leurs droits.
Mais pour les détracteurs de la junte au pouvoir depuis le 5 septembre, l’espoir a cédé la place au désespoir. Il y en a parmi eux qui vont jusqu’à regretter le professeur Alpha Condé qui a dirigé la Guinée du 21 décembre 2010 au 5 septembre 2021. Ils dénoncent pêle-mêle l’emprisonnement prolongé des responsables du RPG Arc-en-ciel (Amadou Damaro Camara, Ibrahima Kassory Fofana, Dr Mohamed Diané, Souleymane Traoré, Oyé Guilavogui) ; la dissolution du FNDC par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ; les cas de morts en marge des manifestations sociopolitiques ; l’emprisonnement des leaders sociopolitiques (Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo, Saïkou Yaya Barry), l’interdiction systématique des manifestations pacifiques sur les voies publiques ; la non-déclaration des biens des membres du CNRD et du Gouvernement ; la non-publication de la liste des membres du CNRD, l’absence de dialogue franc et sincère entre les autorités de la transition et des acteurs sociopolitiques ; l’absence de chronogramme consensuel ; les atteintes aux droits de l’homme ; des menaces sur la liberté de la presse ; l’expropriation et le harcèlement judiciaire contre des acteurs politiques majeurs du pays, dont certains sont contraints à l’exil forcé. Les cas les plus emblématiques sont ceux du président de l’UFDG (Cellou Dalein Diallo) et du chef de file de l’UFR (Sidya Touré). Comme on le voit donc, le bilan du CNRD est loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion.
Aminata Camara