Edito
Des hauts et des bas en 64 ans d’indépendance
Le dimanche 2 octobre 2022, la Guinée a célébré l’AN 64 de son accession à l’indépendance. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le bilan de ces 64 ans d’indépendance reste très mitigé. Qu’avons-nous fait de nos 64 ans d’indépendance ? C’est la pertinente question que tout Guinéen patriote serait tenté de se poser aujourd’hui.
Lorsqu’il lui a été demandé de se prononcer sur le fameux projet de communauté franco-africaine si cher au Général Charles de Gaulle, le 28 septembre 1958, le peuple de Guinée, sous la direction de Sékou Touré, a voté massivement ‘’non’’. En posant cet acte historique, il a su ainsi forcer le respect et l’admiration de tous les panafricanistes et de toutes les bonnes consciences aux quatre coins du monde. De cette année-là à ce jour, il y a lieu de reconnaître que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. De 1958 à 1984, le pays a été dirigé par Sékou Touré, l’homme qui l’a conduit à l’indépendance mais dont le bilan est diversement apprécié par ses compatriotes. Si certains le présentent comme l’homme du 28 Septembre qui a tenu tête à la France, d’autres par contre le rendent directement responsable de la disparition de quelque 50.000 Guinéens dans le tristement célèbre camp Boiro et d’autres lieux de détention à travers le pays. A sa mort en 1984, l’armée guinéenne, sous la houlette du colonel Lansana Conté ne s’est pas fait prier pour s’emparer du pouvoir au nez et à la barbe de toutes celles et de tous ceux qui caressaient intimement le secret espoir de voir la transition se faire par la voie constitutionnelle. Pendant 24 ans, le natif de Bouramaya a posé des actes que les Guinéens ne sont pas près d’oublier. Il a ouvert le pays après des années d’isolement, libéralisé les initiatives privées pour booster l’économie nationale et instauré le multipartisme intégral pour rompre définitivement avec la culture du parti unique. En décembre 2008, c’est un groupe d’officiers et de sous-officiers qui a cru devoir opérer un coup d’Etat pour prendre les commandes du pays suite à la disparition du Général-Président Lansana Conté. La suite, on la connaît. Le bouillant capitaine Moussa Dadis Camara et ses compagnons du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) se sont notamment rendus responsables de la répression sanglante d’une manifestation pacifique de l’opposition dans le plus grand stade de la capitale le 28 septembre 2009. Une répression qui, selon l’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme, aurait causé la mort de plus de 150 personnes. Sans oublier des dizaines de femmes et de filles violées par les forces de défense et de sécurité. En 2010, le Pr. Alpha Condé est sorti vainqueur de la présidentielle organisée par les autorités de la transition. Après avoir été réélu pour un second et dernier mandat, le champion du RPG fera malheureusement modifier la constitution pour s’octroyer un 3ème mandat très contesté. Le 5 septembre, le Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD), à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya, renversera le régime d’Alpha Condé.
Aminata Camara