Edito
Le baroud d’honneur du FNDC
Dissous par le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) n’entend pas renoncer à ce qu’il considère comme son noble combat pour l’instauration d’une véritable démocratie en Guinée. Du 3 avril 2019 au 5 septembre 2021, il s’est opposé farouchement au troisième mandat du professeur Alpha Condé. Aujourd’hui, c’est le CNRD, le tombeur du fondateur du RPG, qui est dans son viseur. A travers des déclarations publiées dans la presse et des appels à manifester, Sékou Koundouno et ses camarades maintiennent la pression sur le colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons du CNRD qui sont aux commandes de la Guinée. Le FNDC exige du CNRD la publication de la liste de ses membres, la déclaration des biens des membres du gouvernement et du CNRD, le respect des droits de l’homme, la fixation consensuelle de la durée de la transition et l’ouverture d’un cadre de dialogue. En dépit de l’interdiction des mairies concernées, les 28 et 29 juillet, à l’appel du FNDC, des manifestations ont été enregistrées dans certains quartiers du Grand Conakry. L’on a déploré 5 morts et des destructions de biens publics et privés. Les forces de défense et de sécurité ont procédé par la suite à l’arrestation de deux responsables du FNDC (Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo) et du secrétaire exécutif de l’UFR (Saïkou Yaya Barry) qui, après leur inculpation, ont été placés sous mandat de dépôt. Comme indiqué plus haut, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a par la suite cru devoir dissoudre le FNDC. Malgré cette dissolution de leur mouvement, Sékou Koundouno et ses camarades sont restés droits dans leurs bottes et ont appelé à manifester le 17 août 2022 sur toute l’étendue du territoire national. L’on a enregistré ce jour là également des morts. Entre-temps, la CEDEAO a pris des sanctions ciblées (gel des avoirs, interdiction de voyager, etc.) contre les autorités militaires et civiles de la transition guinéenne. Des sanctions qui ont été applaudies des deux mains par le FNDC. En dépit de la création d’un cadre de dialogue inclusif par le locataire du palais Mohammed V, le front anti-3ème mandat projette des manifestations de rue le mardi 18 octobre dans le Grand Conakry et le mercredi 26 octobre 2022 sur toute l’étendue du territoire national. Une annonce qui est loin d’être bien accueillie par les Guinéens qui, ces onze dernières années, ont trop souffert des manifestations de rue avec leur lot de morts et de destructions de biens publics et privés. Le FNDC dissous pourra-t-il faire reculer le CNRD ? C’est la pertinente question que beaucoup d’observateurs se posent aujourd’hui. Attendons de voir.
Aminata Camara