Edito
Reculer pour mieux sauter !
La session inaugurale du cadre de dialogue inclusif inter-guinéen aurait dû se tenir le jeudi 20 octobre 2022, comme annoncé quelques jours plus tôt. Mais c’était compter sans les contingences sociopolitiques de notre pays. Cette session a dû être reportée. Dans un communiqué rendu public le mardi 18 octobre, le gouvernement a indiqué que ce report traduit la volonté exprimée par les facilitatrices et acceptée par le CNRD et le Gouvernement de mobiliser l’ensemble des acteurs socio- politiques autour de la table du dialogue inclusif pour une transition apaisée.
C’est le lieu de rappeler que c’est pour favoriser des échanges constructifs entre le gouvernement, les partis politiques et la société que le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a institué par décret un cadre de dialogue inclusif. Le Premier ministre, Dr Bernard Goumou, a nommé trois anciennes ministres (Dr Makalé Traoré, Hadja Aïcha Bah, Mme Guilao Joséphine Léno) comme facilitatrices dudit cadre de dialogue. Ces dernières, dès après leur nomination pour cette noble mission, ont aussitôt pris l’initiative d’aller vers tous les acteurs concernés par cette transition. Elles ont rencontré à ce jour certaines coalitions politiques pour leur expliquer la méthodologie à même de ramener tout le monde autour de la table de dialogue, dans l’intérêt exclusif de la Guinée et des Guinéens. Mais au niveau des quatre grandes coalitions politiques que compte le pays, que ça coince pour le moment. L’ANAD, la Cored, le FNDC politique (UFR, MoDel) et le RPG Arc-en-ciel et alliés disent en effet qu’ils ne sont pas prêts à recevoir les trois facilitatrices, qu’ils ne trouvent pas tout à fait indépendantes du CNRD et de son gouvernement.
Et pour ne rien arranger, le FNDC, officiellement dissous par le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, a appelé à manifester le jeudi 20 octobre dans le Grand Conakry. L’ANAD, la coalition politique à laquelle appartient l’UFDG de Cellou Dalein Diallo a invité à son tour ses militants à participer massivement à ladite manifestation, avec tous les risques que cela comporte. L’on a eu à déplorer des cas de morts et l’on a enregistré des dégâts matériels plus ou importants dans des quartiers situés essentiellement le long de la route ‘’Le Prince’’.
En décidant de reporter à une date ultérieure la session inaugurale du cadre de dialogue inclusif inter-guinéen, le Premier ministre et les trois facilitatrices veulent certainement reculer pour mieux sauter et donner aussi la preuve de leur attachement au caractère inclusif de ce dialogue inter-guinéen pour une transition apaisée et réussie dans notre pays.
Aminata Camara