A lavènement du CNRD au pouvoir, dans les circonstances que lon sait, nombreux sont les Guinéens qui, naïvement peut-être, se sont dit que les tueries en marge des manifestations sociopolitiques étaient désormais derrière nous. Hélas, les manifestations se suivent et se ressemblent étrangement dans la Guinée du colonel Mamadi Doumbouya. En juillet 2022, les manifestations violentes ayant fait des victimes et des destructions de biens publics et privés dans le grand Conakry ont été mises en avant par les autorités pour interpeller des responsables du Front national pour la défense de la constitution. Mais malgré sa dissolution par le ministre de lAdministration du Territoire et de la Décentralisation, ce FNDC nentend pas baisser les bras face au CNRD et à son président. Il a ainsi annoncé l’organisation d’une marche dite pacifique le jeudi 16 février 2023, dans le grand Conakry pour protester contre la façon dont la transition est conduite. Le FNDC exige entre autres la libération des détenus politiques, l’arrêt du harcèlement judiciaire, la tenue d’un véritable dialogue avec les acteurs sociopolitiques représentatifs. Dans une déclaration publiée dans la presse, l’inter-coalition formée par l’ANAD, le FNDC politique, le FFP, le RPG Arc-en-ciel et alliés, a apporté son soutien à ladite manifestation.
Comme il fallait sy attendre, les jeunes manifestants des quartiers situés le long de l’Axe sont entrés en action dans la nuit du 15 février, en brûlant des pneus ou en érigeant des barricades sur la chaussée. Le jeudi 16 février, des heurts ont éclaté par endroits dans la commune de Ratoma, reconnue comme l’épicentre des manifestations sociopolitiques à Conakry. Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a réquisitionné l’armée pour appuyer, au besoin, les policiers et les gendarmes dans le maintien d’ordre. Comme beaucoup le craignaient, il y a eu de nouvelles victimes. Selon le FNDC, trois cas de morts sont à déplorer et plusieurs blessés, dont certains par balles. Le mouvement a aussi dénoncé des arrestations dans les rangs de ceux qu’il appelle les militants pro-démocratie. Les boutiques et magasins ont été fermés dans les grands centres commerciaux de la capitale. Tout comme des établissements scolaires dans certains quartiers chauds. Sur l’autoroute Fidel Castro, la circulation était fluide mais pas aussi dense que les jours normaux. Il est à espérer que les autorités de la transition et les acteurs sociopolitiques trouveront un terrain d’entente pour éviter à notre pays un saut dans l’inconnu.
Les Etats-Unis dAmérique ont regretté les violences enregistrées à Conakry et ont invité toutes les parties à faire preuve de retenue. Cet appel sera-t-il entendu ? Attendons de voir…
Aminata Camara