Le 36e sommet des chefs d’États de l’Union africaine s’est achevé dimanche 19 février dernier à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les différents acteurs de l’organisation ont adopté des dizaines de décisions, déclarations, résolutions et autres motions qui avaient été discutées au sein du Conseil exécutif.
Le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, trois pays en transition politiques ont envoyé des délégations à Addis Abeba pour plaider la levée de leur suspension.
Les pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont en effet décidé de “maintenir les sanctions existantes contre les trois pays, et d’imposer des interdictions de voyage aux membres du gouvernement et d’autres représentants” du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée.
La décision est contenue dans un communiqué signé par le chef de l’Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, actuellement président en exercice de la Cédéao.
Tolérance zéro
« L’assemblée a réaffirmé sa tolérance zéro face aux changements de gouvernement anticonstitutionnels. L’Union africaine maintient qu’elle ne tolère, en aucun cas, les méthodes non-démocratiques pour accéder au pouvoir politique. Je voudrais vraiment vous assurer que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider ces États membres à revenir dans la famille, s’ils travaillent de leur côté à restaurer l’ordre constitutionnel, » a indiqué l’ambassadeur Bankole Adeoye, le commissaire paix et sécurité de l’Union africaine.
Privilégier les sanctions individuelles
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, a affirmé que “ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés”.
D’ailleurs, en clôture du sommet, le président de la Commission de l’UA, a également invité à réfléchir à l’opportunité de privilégier « les sanctions individuelles » ciblées pour dissuader ceux qui veulent procéder à des changements non constitutionnels pour éviter « que des sanctions générales puisse toucher aux intérêts des populations ».
Rejet de la feuille de route de la transition guinéenne
Dans ce communiqué final du sommet extraordinaire de la conférence des Chefs d’Etat et du gouvernement de la CEDEAO signé par le chef de l’Etat bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, actuellement président en exercice de la Cédéao, on pouvait lire :
« la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement rejette totalement les mesures unilatérales prises par les autorités de la transition en Guinée, en ce qui concerne la mise en œuvre de la feuille de route de transition. La Conférence des Chefs d’État et de gouvernement réitère la nécessité d’ouvrir l’espace politique à tous les acteurs et d’assurer un dialogue politique inclusif. »
Echec du lobbying diplomatique pour réintégrer l’organisation
Les ministères des Affaires Etrangères de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso ont tenu une rencontre le 9 février à Ouagadougou. La rencontre s’est soldée par une déclaration par laquelle les trois pays en transition décident de mutualiser leurs efforts. Ils demandent aux organisations sous régionales et régionales de revoir leur copie afin d’accepter leur intégration suite aux sanctions liées au non-retour à l’ordre constitutionnel.
Ces trois pays avaient demandé la levée de leur suspension de la Cédéao, mais également de l’UA, déplorant les “sanctions imposées”. Théoriquement, le retour à l’ordre constitutionnel dans ces pays est prévu en 2024 au Mali et au Burkina Faso, en 2025 en Guinée.
Mais, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a décidé le maintien des sanctions contre le Burkina Faso, le Mali et la Guinée, trois pays dirigés par des militaires issus de coups d’Etat.
Ces trois pays d’Afrique de l’Ouest avaient été suspendus par la Cédéao après les prises de pouvoir successives par des militaires en 2020, 2021 et 2022. Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d’autres sanctions, en partie levées depuis.
Les pays membres de la Cédéao ont décidé de « maintenir les sanctions existantes contre les trois pays, et d’imposer des interdictions de voyage aux membres du gouvernement et d’autres représentants » du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, selon un communiqué.
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Sanctions de la CEDEAO contre la Guinée : Dr Bernard Gomou voit d’un mauvais œil la signature du président Embalo
Le Premier ministre de la transition Dr Bernard Goumou a animé ce mardi 21 février un point de presse pour donner sa grille de lecture sur le maintien des sanctions de la CEDEAO contre la Guinée.
ne souhaite apparemment engager un bras de fer avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le weekend end dernier, l’institution sous régionale a annoncé le maintien ferme des sanctions contre la Guinée et l’interdiction de voyage des membres du gouvernement et des personnalités du pays. Cela, suite au manque de visibilité sur la conduite de la transition démarrée depuis le 5 septembre, le jour où Alpha Condé a été renversé. Contrairement à sa sortie musclée du mois de septembre 2022 contre l’organisation, cette fois-ci, le remplaçant de Mohamed Béavogui est plutôt modéré suite à la question d’un confrère,
« Concernant la CEDEAO, nous avons commencé à consulter sereinement nos partenaires avec lesquels nous avons conclu un accord conjoint sur les 10 points du chronogramme de la transition. Et ce chronogramme est en train de se dérouler sur 24 mois depuis le 1er janvier 2023 dans le cadre d’un compromis dynamique », indique-t-il.
Toutefois, il voit d’un mauvais œil la signature président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo.
« Vous aurez cependant relevé que le communiqué auquel vous faites allusion a été signé par le président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, en lieu et place du président de la commission de la CEDEAO, comme c’est le cas toujours, j’allais dire souvent. Mais pas de commentaires. Le ministre des Affaires étrangères mène ses consultations et il sera bientôt devant la presse avec le ministre porte-parole du gouvernement sur notre réaction », a déclaré Docteur Bernard Goumou.
D’ailleurs, il sollicite l’accompagnement de l’institution ouest-africaine pour faciliter la tâche à notre pays.
« Nous demandons humblement à la CEDEAO l’accompagnement nécessaire pour la conduite de cette transition selon le délai de 24 mois que nous avons signé… »
Ouverture des travaux sur le constitutionnalisme : Colonel Doumbouya sollicite une Constitutionqui résistera au temps
Le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya a pris part ce mardi 21 février dans un réceptif hôtelier de la place à la cérémonie du lancement du symposium sur le constitutionnalisme. Organisé par le Conseil National de la Transition (CNT), la cérémonie a connu la présence du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, des présidents des institutions républicaines, des facilitatrices du cadre du dialogue, des religieux, des représentants des partis politiques et de la Société civile, conseillers nationaux, experts, consultants ainsi que des partenaires au développement.
Prenant la parole, le colonel Mamadi Doumbouya a exprimé sa préoccupation pour la rédaction d’une Constitution forte mais aussi et surtout adaptée à nos aspirations.
« Vous savez très bien qu’une Constitution mal ficelée, nous amène à reprendre la transition et nous ne voulons plus la reprendre parce que, nous savons très bien que nos pays ont besoin de la quiétude. Nous ne voulons plus une période transitoire en permanence. Je voudrais qu’on puisse réfléchir à mettre en place, une Constitution forte, adaptée à nos besoins », introduit le colonel face à une brochette d’invités.
Dans son allocution, le président de la transition ne veut une pas une constitution taillée sur mesure d’un homme politique
C’est pourquoi, il a d’ailleurs rappelé : « comme nous l’avons dit le 5 septembre, il est important que les guinéens puissent récrire leur Constitution, qu’elle ne soit pas écrite par une personne faite sur mesure et surtout qu’elle ne soit pas faite sur mesure pour un parti politique ou une personne politique. Nous avons dit dès le début que nous allons organiser bien sûr la transition, mais qu’on ne fera pas partie de l’après transition, » assure-t-il.
Cependant, le colonel dira que la force reste au peuple pour légitimer cette Constitution qui sera réécrite par le CNT.
« Le CNT récrira bien sûr la Constitution mais c’est le peuple de Guinée dans son entièreté qui l’adoptera. Cela est clair pour nous et depuis le début, nous sommes là-dessus. Cette fois, nous allons faire les choses correctement. Pour nous, le CNT et tous ceux qui sont présents pour travailleront dans le sérieux parce que nous n’allons pas écrire une Constitution pour 110 ans. Nous allons faire une Constitution qui résistera au temps et pourra être utile à nos enfants. Pour moi, il est important de prendre en compte toutes les questions qui se posent et de trouver la solution adéquate, une solution qui sera une solution à la guinéenne. Il faut prendre en compte toutes les questions parce que pour nous, la Guinée de Yomou jusqu’à Boulbinet », a-t-il conclu.
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Minkael Barry
Journaliste