Le jeudi 11 mai 2023, dans un travers un communiqué lu à son siège, le Conseil de l’Ordre des Avocats de Guinée s’est insurgé contre la façon dont les dossiers concernant des acteurs politiques et des activistes de la société civile sont traités ces derniers temps.
« En dépit d’allégations répétées de violations de la loi et d’ingérences du politique dans le judiciaire, portées à sa connaissance par les avocats en charge de la défense de ces acteurs ainsi que les dénonciations de la presse, le Conseil de l’Ordre des Avocats a toujours choisi, nonobstant les critiques qui lui sont faites, de se tenir à équidistance des deux groupes d’avocats intervenant dans ces procédures. Mais force est de reconnaître qu’au-delà de la position que peut occuper un avocat dans une affaire, les avocats sont unis par un certain nombre de principes qui transcendent leurs positions dans un procès donné et qu’ils ont le devoir impérieux de défendre en toutes circonstances », a déclaré Me Mamadou Souaré Diop, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats. « Sans une justice indépendante, la profession d’avocat est condamnée à une mort inéluctable. C’est pourquoi, le Barreau de Guinée ne peut rester indifférent face aux menaces qui pèsent sur l’institution judiciaire. Certains actes posés ces derniers temps par la justice guinéenne dans des dossiers concernant des acteurs politiques et de la société civile donnent l’impression que l’appareil judiciaire continue à être un instrument entre les mains des détenteurs du pouvoir politique», a-t-il indiqué. Pour les avocats guinéens, la justice continuerait à être à la solde de l’Exécutif.
“La justice continue à être à la solde de l’Exécutif. Quelle que soit la pertinence des arguments des avocats, le sort des citoyens reste fortement dépendant des desideratas des autorités publiques qui deviennent la seule boussole des décisions judiciaires. Cette situation contribue à dégrader fortement l’image de la justice et érode son capital de confiance. Il faut relever sans équivoque que les magistrats contribuent eux-mêmes, à travers ces pratiques d’un autre âge, à faire de l’indépendance de la justice un principe vide de sens », a-t-il ajouté.
Mohamed Sylla