Edito
La CEDEAO face aux putschistes de Niamey
Les chefs d’état-major des armées de la CEDEAO se sont réunis les 17 et 18 août à Accra, la capitale ghanéenne, pour peaufiner leur éventuelle intervention au Niger pour réinstaller Mohamed Bazoum dans ses fonctions de président de la République. Une date a même été arrêtée mais qui est pour le moment secrète, pour des raisons purement stratégiques. Quelques jours plus tôt, précisément le 31 juillet, il s’est tenu à Abuja (Nigeria), un sommet extraordinaire sur la situation qui prévaut au Niger, suite au coup d’Etat perpétré contre le président démocratiquement élu. Un sommet au cours duquel les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest ne se sont pas fait prier pour prendre des sanctions sévères contre les putschistes de Niamey.
L’organisation sous-régionale a indiqué que Mohamed Bazoum est le président légitime et élu reconnu par elle, ainsi que ses actes et ses représentants. Elle a condamné le coup d’Etat, exigé la libération et la restauration du chef d’Etat du Niger. Pour la CEDEAO, Mohamed BAZOUM est un otage ainsi que sa famille. Un ultimatum d’une semaine avait été donné aux putschistes pour rétablir l’ordre constitutionnel. Bola Tinubu et ses pairs disent ne pas exclure l’usage de la force s’il n’y pas de résultats. Des actions immédiates et contraignantes ont été décidées pour amener le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) à renoncer à son aventure et remettre tout bonnement le pouvoir au président démocratiquement élu qu’est Mohamed Bazoum. Il s’agit entre autres de la fermeture des frontières, de l’interdiction des vols en direction du Niger, des transactions commerciales avec le Niger, des transactions énergétiques ; du gel des avoirs bancaires ; de l’interdiction de voyages dans l’espace CEDEAO des militaires et de toute personne supportant le coup d’Etat du 26 juillet.
En plus des organisations sous-régionales et internationales (CEDEAO, Union africaine, ONU), ce coup d’Etat a été fermement condamné par de nombreux pays (États-Unis, France, Grande-Bretagne, etc.). Beaucoup se demandent, non sans raison, si le Niger, un pays pauvre et enclavé, pourra se montrer aussi résilient face à ces sanctions décrétées par la CEDEAO.
Le samedi 19 août, alors qu’une délégation de la CEDEAO était à Niamey pour rencontrer le président renversé et la junte, le général Tiani a fait une adresse à la nation pour annoncer des concertations nationales, une transition dont la durée ne dépassera pas 3 ans. Il a aussi mis en garde ceux qui tenteraient de s’attaquer à son pays.
Aminata Camara