Edito
La lisibilité de la transition en question
Le 5 septembre dernier, le CNRD, à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya, a soufflé ses deux bougies aux commandes de la Guinée. Les associations de presse ont été mises à contribution pour animer des émissions spéciales sur le bilan des deux ans gestion du pays par les tombeurs d’Alpha Condé (dialogue politique, infrastructures et travaux publics, diplomatie, justice et droits de l’homme, performances économiques, mise en œuvre du chronogramme de la transition, refondation de l’Etat, rectification institutionnelle, etc).
Pour leur part, les Forces vives de Guinée reconstituées autour du RPG Arc-en-ciel, de l’UFDG, de l’UFR et du FNDC, ont appelé les Guinéens à une marche dite pacifique et citoyenne pour protester contre la façon dont la transition est conduite par le colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement. Mais comme beaucoup le craignaient, l’on a assisté de nouveau à de violents affrontements entre jeunes manifestants et Forces de l’ordre, notamment dans certains quartiers situés sur l’Axe Hamdallaye-Kagbélen. Selon les Forces vives de Guinée, il y aurait eu 5 morts les 4 et 5 septembre. Ce qui vient allonger la liste des victimes des manifestations sociopolitiques dans notre pays. Il faut dire que sur l’autoroute Fidel Castro, les populations ont vaqué à leurs occupations quotidiennes.
Si l’on s’en tient à l’accord trouvé entre les autorités de Conakry et la CEDEAO, le retour à l’ordre devrait être effectif fin 2024, après l’organisation d’élections libres et transparentes, de la base au sommet (communales, législatives, présidentielle). Des élections auxquelles aucun membre d’un organe de la transition (président de la république, CNRD, CNT, Gouvernement) ne sera candidat.
Mais ces derniers temps, les autorités de la transition, ne ratent aucune occasion pour rappeler à la CEDEAO de jouer sa partition dans la mobilisation des ressources financières pour accompagner la transition guinéenne. Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a avancé un budget avoisinant les 6000 milliards de francs guinéens. A ce jour, la partie guinéenne n’a pu mobiliser que 550 milliards gnf. Comme on le voit, le gap à ce niveau est très important. C’est à se demander si cela ne veut pas nous conduire tout droit vers un glissement du calendrier électoral. Pour les détracteurs du CNRD au sein des partis politiques et au niveau des plateformes de la société civile, la transition conduite par l’ancien commandant du Groupement des Forces spéciales manque cruellement de lisibilité et de visibilité. De là à dire que l’actuel locataire du palais Mohammed V veut confisquer le pouvoir, il y un pas que certains d’entre eux ont déjà franchi avec empressement.
Aminata Camara