Edito
2024, l’année de toutes les attentions !
Après le coup d’Etat du 5 septembre 2021 qui a emporté le régime du professeur Alpha Condé, la CEDEAO et l’Union africaine ont suspendu la Guinée de toutes leurs instances et ont exigé le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. La suite, on la connaît. Les menaces de sanctions n’ont pas eu véritablement d’effets sur la conduite de la transition par le colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons du CNRD. Un accord sera finalement trouvé entre les autorités de Conakry et l’organisation sous-régionale qu’est la CEDEAO. Les deux parties se sont mises d’accord sur une durée de 24 mois, à partir de janvier 2023. Un an après, nombreux sont les observateurs qui se demandent si ce chronogramme sera respecté à la lettre. Certains acteurs sociopolitiques, non des moindres, ne cessent de dénoncer ce qu’ils considèrent comme un manque de visibilité et de lisibilité dans la mise en œuvre des dix points du chronogramme. Dans leurs sorties médiatiques, il y en a parmi eux qui vont jusqu’à prêter au tombeur du champion du RPG Arc-en-ciel l’intention de confisquer le pouvoir contre la volonté de l’écrasante majorité des Guinéens. Des accusations balayées par l’actuel locataire du palais Mohammed V qui, l’on s’en souvient, lors d’un conseil des ministres, aurait fait savoir aux membres du gouvernement qu’il ne fera pas un jour de plus à la présidence de la République au terme des 24 mois convenus avec la CEDEAO. Dans les conditions normales donc, les douze prochains mois devraient être mis à profit pour dérouler toutes les activités inscrites sur la feuille de route de la transition. Parmi ces activités, l’on peut citer notamment la rédaction d’une nouvelle constitution qui sera soumise à référendum et l’organisation des élections libres et transparentes, de la base au sommet (communales, législatives, présidentielle). De là à présenter 2024 comme l’année de vérité ou le dernier virage de la transition CNRD, il y a un pas que d’aucuns ont déjà franchi avec empressement. Mais il y a des cas de force majeure qui peuvent souvent se produire pour impacter négativement sur le déroulement des activités liées au retour à l’ordre constitutionnel. Le cas le plus illustratif est cet incendie ravageur qui s’est déclaré au dépôt central des hydrocarbures à Coronthie dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, faisant 24 morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels particulièrement importants. Sans oublier la lenteur dans la mobilisation des ressources financières pour mettre en œuvre les différentes étapes du chronogramme. Ce qui fait dire aux sceptiques que la présidentielle censée consacrer le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ne pourra pas s’organiser en 2024. Il va falloir donc accepter, la mort dans l’âme, l’idée d’un glissement du calendrier électoral.
Aminata Camara