Le mardi 23 janvier 2024, à la barre du tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry, Dr Fatou Sikhé Camara, l’ex directrice générale du CHU Donka, a témoigné pour dire ce qu’il a vu, entendu et fait le jour fatidique du 28 septembre 2009.
“Ce jour 28 septembre m’a trouvé à la maison vu que c’était un jour férié. Mais la première victime de l’hôpital Donka était de mon quartier à Dixinn, juste en face du stade. Il était le fils de notre imam donc sa famille est venue chez moi pour solliciter une aide en m’annonçant que leur enfant a été blessé à partir du stade du 28 septembre. Immédiatement je leur ai demandé de se rendre aux urgences de Donka pour les soins, sans savoir exactement ce qui se passait. Quelque temps après, j’ai entendu des mouvements dans le quartier, et des perturbations. On me disait que ça tirait au stade, donc jai immédiatement appelé l’ambulancier du jour, afin de me rendre pour que je puisse comprendre ce qui se passe. Dès mon arrivée à l’hôpital, je me suis rendue aux urgences où toute l’équipe était dejà en place. Nous avons vu beaucoup de blessés venir dans des états très insupportables. Heureusement le chef de service des urgences était là, et lui et son équipe venaient de bénéficier d’une formation avec le comité international de la Croix-Rouge pour déclencher le plan d’urgence. Dès que le nombre de blessés a atteint 25, moi j’ai trouvé que les ambulances de la Croix-Rouge qui continuaient à envoyer les blessés et les équipes d’urgence étaient vraiment mobilisées. Ce que ce nous avons vu ce jour, j’étais vraiment sidérée on s’est retrouvé devant une véritable boucherie humaine.
On avait réuni toutes les ressources matérielles pour les soins des blessés, la CICR avait installé une caisse dans la salle d’urgence avec tous les produits pharmaceutiques. Malheureusement le stock de la pharmacie de médicaments qui était à l’hôpital ne pouvait plus tenir la prise en charge des blessés”, a témoigné Dr Fatou Sikhé Camara.