Edito
Le 5 Septembre, une date et deux significations
C’est le 5 septembre 2021 que le général Mamadi Doumbouya, alors commandant du Groupement des Forces spéciales, a évincé du pouvoir le professeur Alpha Condé, le premier président démocratiquement de la Guinée indépendante. Trois ans après, le bilan du CNRD est diversement apprécié par les Guinéens. Pour ses partisans à travers le pays, il fallait célébrer, comme il se doit, son troisième anniversaire à la tête du pays. Pour d’autres acteurs, notamment ceux des Forces vives de Guinée, il n’y a rien à fêter le 5 septembre. Cette entité regroupant le RPG Arc-en-ciel, l’UFDG et l’UFR a ainsi cru devoir projeter une manifestation dite pacifique à la même date dans le Grand Conakry, en guise de protestation contre ce qu’elle considère comme les atteintes aux droits de l’homme et la façon dont la transition guinéenne est conduite par les autorités actuelles. Cellou Dalein Diallo et ses alliés de circonstance tiennent visiblement à maintenir la pression sur le CNRD et son président, qu’ils accusent, à tort ou à raison, de vouloir s’accrocher au pouvoir contre la volonté de la majorité des Guinéens. Mais force est de reconnaître que ce mot d’ordre n’a pas été suivi à la lettre dans le grand Conakry, en dépit de l’allègement du dispositif sécuritaire sur certains axes de la capitale. Les partisans et soutiens du CNRD, ont mis cette occasion à profit pour magnifier le bilan du tombeur d’Alpha Condé. Parmi les acquis de ces trois dernières années, ils citent entre autres : la tenue du procès des événements tragiques du 28 septembre 2009 au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry ; l’organisation des assises nationales pour amener les Guinéens à se réconcilier avec leur histoire commune, aussi tumultueuse soit-elle, à regarder dans la même direction et à se donner la main ; la mise en place d’un cadre de dialogue national permanent pour échanger autour des sujets d’intérêt national au triple plan politique, économique et social ; l’ouverture de nombreux chantiers de construction d’infrastructures aux quatre coins du pays (routes, aéroports, aérodromes, ports, chemins de fer).
Au regard de ce qui précède donc, l’on peut dire que les trois ans de gestion du CNRD sont loin de faire l’unanimité. D’un côté, il y avait des mouvements de soutien qui ont pris d’assaut des carrefours et ronds-points pour des animations. Il y en a aussi qui ont préféré organiser des concerts pour sensibiliser les Guinéens sur la paix et les actes posés par le général Mamadi Doumbouya. De l’autre côté, il y a eu des partis politiques, à l’image du RPG Arc-en-ciel, qui ont plutôt rendu hommage à leurs martyrs et leurs cadres détenus plus de deux ans à la maison centrale de Coronthie pour détournement présumé de deniers publics.
Aminata Camara