La tension ne faiblit pas à Madagascar. Ce dimanche 12 octobre, le climat politique restait explosif dans la capitale, Antananarivo, où les manifestations contre le pouvoir d’Andry Rajoelina se poursuivent depuis plusieurs semaines. Dans un communiqué diffusé dans la matinée, le chef de l’État malgache a dénoncé « une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques ». Selon ses propos, des agissements suspects auraient été observés au sein de certaines franges de l’armée, alors que la colère populaire gagne en ampleur.
La veille, samedi 11 octobre, plusieurs soldats ont été aperçus dans les cortèges de protestation aux côtés des manifestants. Certains membres de l’armée auraient même appelé leurs camarades à « refuser les ordres de tirer » sur la foule, accentuant les divisions au sein des forces armées. Cette prise de position marque un tournant dans la crise, puisqu’elle laisse entrevoir un possible effritement du soutien militaire traditionnellement acquis au président Rajoelina.
Les manifestations actuelles trouvent leur origine dans le mouvement Gen Z Madagascar, qui rassemble principalement des jeunes exaspérés par la dégradation des conditions de vie. Depuis le 25 septembre, ce collectif multiplie les appels à la mobilisation pour dénoncer les coupures répétées d’eau et d’électricité qui paralysent la population. Ce mécontentement, d’abord centré sur des revendications sociales, s’est progressivement transformé en une contestation politique plus large, visant directement la gouvernance du président.
Les autorités affirment vouloir rétablir l’ordre et appellent au calme, mais la situation reste extrêmement volatile. Les observateurs craignent une escalade, d’autant que la présence de militaires parmi les manifestants alimente les soupçons d’un mouvement insurrectionnel. Le président Rajoelina, qui a déjà connu plusieurs crises politiques depuis son arrivée au pouvoir, semble aujourd’hui confronté à l’un des défis les plus sérieux de son mandat.
Pour l’heure, aucune issue n’est clairement visible. Tandis que la rue maintient la pression, le chef de l’État tente de reprendre la main en dénonçant ce qu’il qualifie de « tentative de déstabilisation ». Le pays, lui, retient son souffle.